Ca fait un petit moment que je n’ai plus écrit de vrai article il me semble, mais voilà, vous connaissez le résultat de l’équation : beaucoup de travail + flemmingite aiguë une fois rentré chez soi…
Pour me rattraper, je vais partager avec vous aujourd’hui le coup de coeur que j’ai eu pour l’auteur Martin Suter, en espérant que ce petit article vous donnera envie de vous plonger dans l’un ou l’autre de ses livres (ou dans tous, comme moi).
J’ai découvert cet auteur l’année passée, je ne sais plus par quel concours de circonstances, sans doute lorsque j’ai commencé à travailler à la bibliothèque. Avant cela, je ne le connaissais que de nom et je ne m’y étais jamais vraiment intéressée. Puis un jour j’ai acheté Le Diable de Milan, que j’ai lu d’une traite. Suite à cela, j’ai fait une de mes traditionnelles petites crises de monomanie, comme cela arrive souvent lorsque je découvre quelque chose de nouveau et qui me plaît : j’ai lu tous ses livres à la suite! Ca m’a fait pareil lorsque j’ai découvert la salade de pommes de terre à la japonaise : il fallait que j’en mange au moins une fois par semaine. Ca vous le fait à vous aussi? De faire une fixette sur une seule chose pendant un certain temps? Vraiment, à moi cela m’arrive tout le temps! Enfin, bref…
En quelques mots, Martin Suter est un auteur suisse (cocorico!), enfin… suisse-allemand pour être plus précise. Il a d’abord travaillé dans la publicité avant de se… Bon… Stop, stop, stop… On s’en fiche un peu, non? Si vous voulez en savoir plus sur sa vie, il y a l’article de Wikipédia et Google.
Je mentionne juste que deux de ses livres ont été adaptés au cinéma : Un ami parfait, sous ce même titre, en 2006, par le réalisateur Francis Girod et Small world, en 2011, sous le titre « Je n’ai rien oublié », par Bruno Chiche.
Je ne vais pas vous faire le topo de tous ses livres, seulement des trois que j’ai préférés, même si le choix n’a pas été facile…
Le diable de Milan
« Tu es assis quelque part et brusquement tout se transforme. Les choses les plus familières deviennent soudain étranges et menaçantes. »
Sonia, tout juste sortie d’un mariage étouffant, trouve refuge dans un hôtel de luxe en Engadine, où elle est engagée comme physiothérapeute. Mais elle n’aura pas le loisir d’y trouver la sérénité qu’elle est venue y chercher.
Affectée d’étranges troubles de la perception, la jeune femme tente d’établir un lien entre les étranges événements qui surviennent depuis son arrivée.
Comme je l’ai dit plus haut, c’est le premier livre que j’ai lu de cet auteur. Ce n’est peut-être pas son meilleur, mais j’ai une affection toute particulière pour lui car c’est celui qui m’a donné envie de découvrir les autres. J’ai vraiment adoré cette aura de mystère qui nous tient en haleine tout au long du récit. L’atmosphère y est pesante et le rythme est plutôt lent, mais le suspense toujours bien présent. L’hôtel de luxe, grande bâtisse chargée d’histoire doté d’un spa ultra-moderne, est un personnage à lui tout seul, tantôt refuge sécurisant, tantôt prison dorée. Certains lui reprochent une fin un peu bâclée, j’ai été moi-même un peu surprise, mais pas déçue pour autant.
La face cachée de la lune
« Ce qui l’inquiétait, ce n’était pas tant la perte apparente de contrôle sur la bête qui l’habitait : c’était que cette perte lui était indifférente. »
Urs Blank, avocat d’affaire à Genève, est à la recherche de nouveaux horizons, de nouvelles sensations. Il croit trouver de quoi surmonter sa crise d’identité lorsqu’il rencontre Lucille, une jeune hippie qui va l’initier aux champignons hallucinogènes. Lors d’une mystérieuse cérémonie initiatique en pleine forêt, Blank ingère un champignon aux effets encore peu connus. Cette expérience va bouleverser sa vie, le transformant à jamais, révélant littéralement la bête qui sommeille en lui (sa vraie nature?).
A mon avis, il s’agit là du chef d’oeuvre de Martin Suter. Si vous ne devez en lire qu’un, lisez celui-ci. Il ne s’agit pas (seulement) d’un livre sur les effets de la drogue. C’est tout à la fois un thriller psychologique, un roman d’initiation, un conte philosophique et surtout une magnifique ode à la nature, à la forêt.
Le cuisinier
« J’ai appris à l’époque que cuisiner, ce n’est rien d’autre que métamorphoser. Du froid en chaud, du dur en moelleux, de l’aigre en doux. C’est pour cette raison que je suis devenu cuisinier. Métamorphoser les choses me fascine. »
Maravan, jeune réfugié tamoul, coupe les légumes et fait la vaisselle au Huwyler, un restaurant suisse » nouvelle cuisine » fréquenté par le monde de la presse et de la finance. Il est pourtant loin de n’être qu’une petite main : au Sri Lanka, il était un cuisinier prometteur, spécialiste des préparations ayurvédiques. Devenu en Suisse un fin connaisseur de la cuisine moléculaire, il se lance, chez lui, dans des expériences sophistiquées pour retrouver les fumets de sa jeunesse. Lorsque Andrea, son ancienne collègue qui rêve de se mettre à son compte, lui propose qu’ils s’associent pour réaliser des
dîners aphrodisiaques à domicile, Maravan hésite un temps, craignant de corrompre sa passion. Mais la nécessité de porter secours à sa famille l’emporte vite…
LE livre sensuello-gastronomique (oui, j’invente des mots) par excellence. Ce livre se goûte, se dévore, se savoure. Vraiment. Les saveurs sont là, sur le bout de notre langue, elles éclatent en bouche, les odeurs chatouillent délicieusement nos narines. C’est un livre qui fait saliver et nous met l’eau à la bouche. Et cette sensualité omniprésente … Ahlala… La galerie de personnages qui traverse ce roman est également très étendue : une call-girl éthiopienne, un grand chef suisse, une sexothérapeute, des businessmen pakistanais, un marchand d’armes thaïlandais, un enfant soldat sri lankais…
Petit plus : les recettes décrites dans le livre sont répertoriées et détaillées à la fin de l’ouvrage. De quoi éprouver par vous-mêmes les effets de la cuisine ayurvédique sur votre libido. Mais les préparations n’ont pas l’air à portée de tous, il faut croire que cela se mérite! Personnellement, je ne suis pas allée jusque là!
J’espère que ce petit voyage au pays de Martin Suter vous aura plus! Comme vous pouvez le constater, j’ai été conquise! J’aime beaucoup la façon qu’il a, dans tous ses livres, d’aborder les thèmes de la transformation de la personnalité, de l’être et du paraître, en faisant basculer le destin d’individus a priori banals.
A vous maintenant de découvrir son univers! Voici la liste des ses livres traduits en français :
- 1997 : Small World
- 2000 : La Face cachée de la lune
- 2002 : Un ami parfait
- 2004 : Lila, Lila
- 2006 : Le Diable de Milan
- 2008 : Le dernier des Weynfeldt
- 2010 : Le cuisinier
- 2011 : Allmen et les libellules